Dans cette vidéo…

Sylvain vous explique sa méthode de prise de vue qui lui permet d’obtenir une image nette et propre en utilisant des valeurs ISO les plus basses possibles. Comme d’habitude, tout est une question de compromis entre quantité de lumière dans la scène, ouverture du diaphragme, vitesse d’obturation et sensibilité ISO.

Quelques rappels…

Qu’est-ce que les ISOs ?

Il s’agit d’une norme qui défini en quelque sorte la sensibilité du capteur de votre appareil. Généralement, la valeur de base est de ISO 100. Le principe est simple, si vous augmentez cette valeur, vous amplifiez les informations de lumière reçues. Chaque fois que vous doublez la valeur ISO, vous doublez la quantité de lumière perçue. Donc à ISO 200 ma scène sera deux fois plus lumineuse qu’à ISO 100.

Malheureusement, nos appareils ne font pas de magie, il ne peuvent pas réellement augmenter la lumière disponible. Monter en ISO c’est un peu comme augmenter le volume son de votre télévision. Vous amplifiez le signal… défauts compris. Si à faible volume vous ne perceviez pas les craquements et autres imperfections, quand vous montez le son, vous les entendez forcément plus.
Pour la montée en ISO vous avez un phénomène similaire avec le bruit numérique. Plus vous montez la sensibilité, plus ce bruit sera présent et plus la qualité de votre photo se dégradera.

Notez également que tous les appareils ne sont pas égaux face au bruit numérique. Un des éléments décisif est la taille du capteur. Un capteur Full-Frame (24x36mm) produira moins de bruit qu’un capteur APS-C (18.8×22.2mm).

Que faut-il en retenir ? … Utilisez la valeur ISO la plus basse possible en fonction des conditions de prise de vue.

5D MkIII, 70mm, f/11, 5s
ISO 100

5D MkIII, 70mm, f/11, 0.6s
ISO 800

5D MkIII, 70mm, f/11, 1/13s
ISO 6400

5D MkIII, 70mm, f/11, 1/50s
ISO 25600

Quelle vitesse d’obturation choisir pour avoir un sujet net ?

Un règle courante consiste à utiliser au maximum un temps de pose de 1/focale secondes. Donc si je prends un cliché avec un objectif 50mm, le temps de pose minimum pour un cliché net serait de 1/50s. En ce qui me concerne, je préfère prendre une marge de sécurité et passer à par exemple 1/100s si c’est jouable.

Cette règle fonctionne bien, mais est basée sur l’utilisation d’un appareil Full-Frame. Si vous disposez d’un capteur APS-C ou plus petit, vous devez prendre en compte le crop-factor, qui n’est autre que le rapport entre la taille d’un capteur Full-Frame et celui de votre appareil. Voici les valeurs pour les boîtiers APS-C:

  • Capteur APS-C Canon (tous les EOS sauf les 6D, 5D et 1D): 1.6x
  • Capteur APS-C Nikon et autres (séries 3000,5000 et 7000 chez Nikon): 1.5x

Prenons par exemple un boîtier Canon 1100D ou 70D comme ceux de Sylvain. Le crop factor est de 1.6x. Si j’utilise une focale de 20mm, je devrai utiliser un temps de pose d’au maximum 1/(20×1.6)s, soit 1/32s (cette valeur n’existe pas sur les boitiers, prenez alors celle qui est juste en dessous).

Prenez garde toutefois au sujet. Cette technique à pour but de vous fournir une base permettant d’éviter le flou de bougé (tremblements etc.)… Par contre, n’oubliez pas que votre sujet est parfois mobile. Photographier une voiture en mouvement à 1/50s revient à avoir un décor net et une voiture floue.

 

La méthode de Sylvain…

L’objectif (sans vouloir tomber dans le cliché du jeu de mot – HaHa, 2ème jeu de mots ! –) de sa technique est de profiter des fonctionnalités de votre appareils pour réduire au maximum la valeur ISO utilisée et ainsi obtenir une image propre et nette.

Etape n°1 : Prise d’un cliché de référence

Sylvain commence par prendre un cliché moyennant les réglages suggérés par l’appareil d’un point de vue temps de pose et valeur ISO, pour ce faire il règle son boîtier comme suit:

  • Mode priorité ouverture (Av chez Canon, A chez Nikon)
  • ISO automatique
  • Diaphragme réglé selon les besoins de la photos

Il obtient alors un cliché correctement exposé. Prenons une base pour l’exemple: 20mm, 1/40s, f/5.6, ISO 800

Etape n°2 :  Forcer l’appareil à faire mieux

L’idée ici est de réduire la valeur ISO définie par l’appareil. Cette fois Sylvain choisi donc lui même cette valeur en partant de celle de référence. Il règle alors par exemple ISO 400.

Cela signifie qu’il y aura deux fois moins de lumière perçue par l’appareil (ISO 800 -> ISO 400 = – 1 Ev, donc deux fois moins de lumière). L’appareil va donc compenser avec la seule valeur qui lui reste: le temps de pose. Si on réduit les ISO de moitié, l’appareil doublera le temps de pose pour compenser. On aura alors les valeurs suivantes: 20mm, 1/20s, f/5.6, ISO 400.

Un nouveau problème se présente, 1/20s est un temps trop long que pour avoir une photo nette à tous les coups puisque idéalement on devrait être à (1/20×1.6, soit 1/32s). Il faut donc ruser pour compenser…

  • Si votre objectif ou appareil vous le permet, activez la stabilisation optique. Elle vous permet généralement de compenser entre 1 et 4 EV selon les objectifs. Prenons 2 EV  (2 f-stops ou 2 diaf, c’est  la même chose) comme exemple. Si j’active la stabilisation cela veut dire que je pourrais prendre une photo nette avec une vitesse 4x inférieure à la vitesse normale (1 EV = x2, 2EV = x4). Donc, dans notre cas, si je devais à la base avoir 1/32s, je pourrais avec une stabilisation qui compense 2EV prendre un cliché à 1/8s (32/4=8).
  • Calez-vous contre un mur pour vous stabiliser.
  • Utilisez un support quelconque pour soutenir votre appareil ou votre objectif.
  • Faites tourner le chance en prenant une série de clichés en rafale. Si vous prenez une série de 10 clichés en étant le plus stable possible, vous aurez plus de chance d’obtenir une photo nette que si vous en aviez pris qu’un seul.

Etape n°3 : Répétez l’étape n°2…

Réduisez encore la valeur ISO. Ce qui donnerait pour notre exemple: 20mm, 1/10s, f/5.6, ISO 200

Répétez l’opération tant que vous obtenez un image nette. Dites-vous que dans le pire des cas, vous aurez toujours la photo d’origine à une valeur ISO plus élevée, mais qui sera correcte.

 

Prenons un peu de recul…

Il y a les faits…

  • Plus vos ISO sont élevés, plus il y aura de bruit dans la photo.
  • Plus il y a de bruit dans la photo, moins elle paraîtra nette.

Ensuite il y a les pistes de réflexion…

  • Le bruit détériore-t-il réellement ma photo ?
  • Le bruit visible à l’écran est-il visible à l’impression ?

Ce que j’essaie de vous dire par là c’est qu’il ne faut pas à tout prix vouloir shooter à ISO 100. Si vous le pouvez, tant mieux! Dans certains cas ce sera tout simplement impossible. Quoi qu’il en soit, ce ne sera jamais la présence ou non du bruit qui définira si une photo est bonne ou mauvaise.

Comme beaucoup, quand j’ai commencé à m’intéresser vraiment à la technique de la photo, j’étais un obsédé de l’ISO 100… Et puis, petit à petit, surtout grâce aux photos macro où on manque généralement de lumière, j’ai appris à utiliser les ISO à mon avantage. J’ai également eu l’occasion d’imprimer en format correct (60x40cm) certains de mes clichés et le constat est sans équivoque… Le bruit visible à l’écran, même à 1600 ou 3200 ISO est à peine, voir pas du tout perceptible à l’impression.

Sylvain : Ça c’est bien vrai ! Très juste remarque Steve. Pour les photos de tous les jours, pas de stress, les ISO auto feront le boulot. La technique ici présentée est surtout utile pour les fois où vous avez dans votre viseur une superbe photo, du genre que vous voudriez retoucher, imprimer, partager, vendre etc… dans ce cas là alors, tenter de limiter les ISO sera une bonne option car cela vous donnera plus de latitude au post-traitement. Et soit dit en passant, la montée en ISO ne crée pas que du bruit, elle change aussi la plage dynamique et la fidélité des couleurs.

Getting attention on the most important element in the picture.
Steve De Jongh
Administrateur, Rédacteur et Contributeur
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