Pourquoi cet article?

Dans cet article, je n’évoquerai pas de question matériel et je n’ai pas pour but d’établir un guide de choix d’objectif ou de boitier… mais j’aimerais plutôt vous donner l’envie d’écrire… et d’ouvrir grand vos yeux, vos oreilles, et tous vos sens.

Evidemment, amoureux des animaux, cet article est pour vous, et rassurez vous, je ne suis ni écrivain, ni oculiste, ni O.R.L. , mais en revanche, vos sens, sont importants en photographie animalière.

S’il est très aisé de photographier un oiseau dans nos jardins, notre chat ou un cheval dans un pré, tirer le portrait d’un animal sauvage et libre, peut en décourager plus d’un.

Vous pensez que Vincent Munier tire le portrait d’un loup dans la brume par hasard?

Vous pensez que la photo du Jaguar en pleine ville de Nat-Géo a été prise sur le vif grâce au facteur chance?

( pour les curieux: http://ngm.nationalgeographic.com/2015/12/leopards/img/01-leopard-1024.jpg)

Vous avez tout faux…elles ont demandé un travail titanesque en amont et une démotivation est probablement due a un manque de méthode… ou plutôt un manque d’organisation du shoot, et pour cela, on a besoin de tous nos sens !

En billebaude, parfois le facteur chance nous sourit, où tout les facteurs sont là, au bon moment:

  • présence de sujet
  • lumière exceptionnelle
  • scène exceptionnelle
  • cadre exceptionnel
  • réglages boitier parfaits

Être au bon endroit, au bon moment, comme on dit…  cela arrive…

Il ne faut pas se leurrer, derrière chaque photo exceptionnelle, se cache la plupart du temps beaucoup de travail.

Être au bon endroit… au bon moment… cela peut se prévoir.

 

Ne pas brûler les étapes:

Je ne vais pas m’éterniser sur ce sujet, car il a déjà été traité de nombreuses fois, mais je vais résumer et il y a deux écoles :

Soit :

1/Je me fixe un projet et un sujet bien précis, et j’apprends à connaitre mon sujet en me renseignant.

2/Je repère mon sujet, je l’observe et je prends des notes

3/Je prépare mon shoot, et je shoote.

 

Soit :

1 /J’ai déja repéré une espèce, et j’aimerais la photographier

2/Je l’observe et je prends des notes

3/Je prépare mon shoot, et je shoote.

 

L’erreur source d’un échec assuré

J’aimerais particulièrement attirer votre attention sur les étapes numéro 2, et croyez moi, qu’elles sont d’une importance capitale.

Vos yeux, vos oreilles et vos prises de notes, seront vos meilleurs alliés pour préparer votre shoot.

Vos yeux et vos oreilles pour repérer… cri, chants, présences de traces de pattes, de terriers, ou de déjections, seront des indices précieux pour déterminer des lieux de passages et de présence.

Après avoir repéré votre sujet, il faut passer du temps à l’observer, et mémoriser des lieux de passage, des horaires de passage, le nombre d’individus, et votre mémoire infaillible sera votre carnet de terrain, et vos prises de notes.

La plupart des espèces, ont des rituels, et sont armés d’une horloge interne précise, et pour cette raison il ne faut pas hésiter a se donner plusieurs jours, destinés uniquement à l’observation.

Et ce sont ces éléments qui vont vous permettre de savoir où vous placer et construire votre affût, à quelle heure, à quelle hauteur, et travailler en amont le cadrage souhaité.

Le seul matériel dont vous aurez besoin pour cette étape, c’est:

  • Un carnet de note et un crayon
  • une paire de jumelle (pas indispensable, mais c’est un gros + )
  • des vêtements chauds
  • une montre
  • un sac à dos pour y loger à boire et à manger 😉
  • facultatif: un smartphone ou petit appareil photo compact pour documenter.

Il existe des moyens plus sophistiqués pour le repérage, tel des pièges photo, mais c’est un investissement.  On en reparlera prochainement, dans un article traitant le matériel, mais rassurez vous, c’est loin d’être indispensable.

 

Et le castor dans tout ça ?

Un exemple concret, avec effectivement une photo de castor que j’ai réalisée l’été 2016…

Lors d’une balade au bord de la Cèze, j’ai observé un soir, vers 20h, la présence de castors.

 

 

Présence du terrier

Présence du castor

Chaque soir et pendant 3 jours, je suis revenu sur les lieux, observer ce castor qui effectivement, avait son rituel, un chemin bien précis, entre 20h00 et 20h10. ( L’importance de noter les horaires vous vous souvenez ? 🙂 )

 

  • sortie du terrier
  • mise à l’eau
  • longe la rive en remontant le courant, et visite un second terrier sur la route
  • Il continue de remonter le courant, puis il escalade un barrage construit par des vacanciers, pour aller prendre ensuite son déjeuner, plus loin dans les fougères.

Ma prise de note était accompagnée de photos, qui m’on permis également de mettre en place la prise de vue.

Sur cette photo, vous voyez très bien le castor qui passait à cet endroit précis chaque jour à la meme heure.

Et en rouge, ma stratégie de shoot où j’envisageais de m’allonger dans l’eau, derrière le barrage où l’animal ne pouvait m’appréhender.

Notez par ailleurs mon talent certain pour le dessin.

 

Le shoot

4e jour, je prépare mon shoot avec une check-list bien précise :

 

-Nettoyage du matériel et vérifier la propreté de l’optique

-Vérifier le niveau des batteries

-Je protège mon matériel avec une protection étanche de type Rainsleeve. (oui, je serai immergé… autant prendre toutes les précautions)

-Je mets mon obturateur en mode silencieux.

-Il est 19h30 et je me mets a l’eau, je m’installe, et je prend une première photo pour évaluer la lumière, et préparer mon cadrage :

On note une lumiere bien chaude… c’est un couché de soleil dans mon dos.

J’en profite pour régler ma balance des blancs; et j’ajuste mon cadrage.

Pensez à vérifiez régulièrement votre histogramme, la lumiere change très vite aux levés et couchés de soleil.

La je suis à peine a 10cm au dessus du niveau de l’eau, et maintenant il faut patienter… sagement, mais je sais que je suis fin prêt, si mes 3 jours d’observations venaient à porter leurs fruits.

Il est 20h07 , je déclenche :

5D mklll , f/8 , 1/500e iso 1600 - - - Sigma 150-500 , à 500mm

5D mk3 , f/8 , 1/500e iso 1600 – – – Sigma 150-500 , à 500mm

Parlons éthique :

Après votre shoot… par pitié… restez immobile, soyez le plus silencieux possible…

Vous n’êtes pas là pour déranger l’animal et le perturber.

Effrayer, déranger une espèce peut avoir des conséquences dramatiques pour la survie de leurs petits, et peut générer un stress aussi important qu’inutile.

Chaque photographe animalier a sa façon de voir et de respecter   » l’éthique  » , plus ou moins d’extrêmes ou c’est à chacun d’y trouver son équilibre en son âme et conscience. Je ne suis pas puriste, mais j’ai trouvé mon équilibre.

Des règles simples comme d’être vigilant à ne créer aucun trouble en période de reproduction, de ne pas effrayer les animaux, de ne pas détériorer inutilement la végétation en évitant le piétinement, et ramasser vos déchets…. sont des règles simples et faciles a respecter… et cela ne demande aucun effort.

J’aurai l’occasion prochainement de vous faire part de ma démarche en terme d’éthique, de respect des lieux, et de la vie animale.

 

Conclusion :

J’espère que ce post saura vous redonner une motivation, ou réveiller chez vous une approche nouvelle, vous donner le goût d’aller préparer vos projets animaliers et vous aidera à réellement passer un cap en photographie animalière, et passer du stade :

-Je vois

-Je shoot

à

-j’observe

-Je prends des notes, des repères

-Je prépare mon shoot

-Je shoot.

C’est une technique qui se pratique aussi bien en forêt pour aller photographier du gros gibier, que dans votre jardin, en observant les mésanges, ou les écureuils venant piller votre noyer.

Même si je ne me refuse pas parfois la visite de parcs qui combattent pour la cause animale, pour tirer le portrait de grand félins,je vous promets qu’en passant par la connaissance animale, la connaissance du terrain, le partage de ces connaissances avec des amis passionnés, la photographie animalière vous sera plus profitable, et vous sera nettement plus plaisante 🙂 Vous progresserez, vous vous enrichirez, et vous aurez un taux de réussite bien meilleur.

Comme il m’a été agréable de contempler ces castors… les regarder vivre, jouer, s’occuper de leurs petits, au calme et sans matos… tout en notant autour de moi, la présence de geais des chênes, de milan noir, et de Cincle plongeurs et d’un groupe de chèvres sauvages.

Par cette observation, cette préparation… j’ai atteint mon objectif… et j’ai eu mon portrait de castor…et de ma chèvre sauvage, le lendemain…

Merci a Sylvain de me permettre de partager avec vous ma passion et ma façon de travailler, mon expérience, et c’est sans prétention aucune , que j’espère à mon tour, vous apporter quelque chose de positif et constructif, par pur plaisir de partager et d’échanger avec vous tous .

James.

5D mk3 , f/8 , 1/125e iso 400 – – –  Sigma 150-500 à 150mm

Qui suis-je ?

James , 37 ans, passionné par les animaux avant tout, et photographe autodidacte depuis tout gamin où j’ai eu mon premier Kodak à 9 ans, et mon premier reflex chez les rouges à 17 ans, un eos 500n, que j’ai toujours et qui fonctionne à merveille.

Le passage au numérique a été difficile pour moi, pour le rendu particulièrement daubé des appareils des années 2000. ( avis très personnel 😉 ) Et ce n’est qu’en 2009 que je me remets à la photographie, numérique cette fois si, avec mon premier boitier apsc, on the rouge again.

Mon domaine de prédilection est bien sur la photographie animalière et plus précisément le portrait animalier, mais j’aime également la photographie de paysage, couvrir un mariage, l’évènementiel, et la photo de rue.

Je vous invite à visiter ma page FB https://www.facebook.com/JC.Focale/, et à y coller un petit j’aime si vous êtes comme moi, amoureux des animaux et de nature 😉

N’hésitez pas à me contacter, c’est avec plaisir que je répondrais à vos questions et remarques dès que possible, et pourquoi pas me suggérer un sujet qu’il vous intéresserait de lire sur MPR.

Si vous êtes sages, prochainement d’autres articles sur l’éthique du photographe animalier, sur les techniques de pistage, et encore un autre ou cette fois ci, nous parlerons matos et équipement indispensable et facultatif du photographe animalier.

Amicalement.

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