La photographie animalière pas chère.

Le camouflage.

Préambule: Cette série d’articles portant sur l’investissement matériel dans la photographie animalière avec un petit budget va paraître en plusieurs fois, c’est pourquoi je vous conseille d’attendre d’avoir lu l’ensemble des articles de la série avant d’entreprendre votre premier achat, pour ainsi avoir une vision globale des investissements à faire.

 

II) Le tout autant indispensable: le CAMOUFLAGE.

Comme je vous l’ai expliqué dans l’article précédent, la quasi majorité des animaux à l’état sauvage sont très farouches à l’égard de l’Homme, ce qui nécessite, si l’on veut les approcher, de ne pas se faire repérer. C’est alors que le camouflage intervient. Réel avantage dans l’approche et l’observation de la faune sauvage, il ne sera cependant le même selon votre pratique de la photographie et de vos sujets. Bien évidemment, c’est un aspect de la photographie animalière à ne surtout pas négliger. En effet, même avec un objectif et un boitier d’entrée de gamme mais avec un camouflage rigoureux vous ferez de bien meilleur photo qu’avec un boitier et un objectif dernier cri à plusieurs milliers d’euros et un camouflage négligé. Eh oui, rien ne sert de dépenser des milles et des cents dans un objectif si c’est pour ne pas réussir à approcher les sujets.

Comment les animaux peuvent-ils nous repérer?

Les animaux ne vous repérant tous pas de la même manière, il faudra adapter son approche à l’espèce que vous souhaiteriez approcher. Les mammifères auront tendance à avoir une assez mauvaise vue des formes (attention toujours aux mouvements!) mais une excellente ouïe et un excellent odorat. Les oiseaux, quant à eux, auront une excellente vue et une très bonne ouïe, mais un odorat quasi inexistant.

Différents camouflages pour différentes approches?

Il convient tout d’abord de présenter les deux types d’approches. La première, et la plus dure à mettre en pratique, est la billebaude, la seconde est l’affût.

A) La billebaude.

La billebaude tout d’abord consiste à se camoufler pour approcher les animaux en se déplaçant. C’est peut être l’approche la plus compliquée à mettre en pratique, car le fait de se déplacer va créer un certain nombre de nuisances qui va augmenter les chances de faire fuir les animaux. Ces nuisances peuvent prendre différentes formes, que ce soit du bruit, des mouvements trop brusques ou encore votre odeur. Si vous optez pour la billebaude il faudra dès lors faire attention, à chaque pas, à ne pas marcher sur une brindille qui risque de craquer, à adapter son camouflage à l’environnement et à surveiller le sens du vent.

B) L’affût

Ce qui nous amène à la deuxième approche qui consiste à ne pas s’approcher mais à attendre que l’animal s’approche de lui même. Il s’agît bien évidemment de l’affût. Bien qu’il en existe de plusieurs sortes, tous ont un point commun: se cacher, que ce soit dans un fourré ou sous une tente affût, et attendre que l’animal arrive.

Ces approches utilisant différentes techniques et donc différents types de camouflage.

Mais du coup, quel camouflage pour la billebaude?

Comme dit précédemment, le principe de la billebaude c’est d’être dissimulé tout en pouvant se déplacer. Dès lors, il va falloir oublier le camouflage fixe et imposant, pour un camouflage léger et pratique. Il n’est plus question de se cacher derrière un affût, mais d’être soi-même un camouflage.

Lorsqu’on pense billebaude, il y a un élément du camouflage qui vient tout de suite en tête: la ghillie suit.

Très complète, la ghillie permet d’assurer le camouflage quasi-complet du corps. En effet, en imitant la texture de la mousse végétale ou de feuilles, elle permet d’être un buisson. Couplée à une immobilité parfaite et vous serez invisible aux yeux des animaux. Attention toutefois aux odeurs, car la ghillie peut donner chaud. Très chaud. Et forcément, lorsqu’on a chaud, on transpire, et même en étant propre, la transpiration dégage une odeur qui pourra rapidement faire fuir les animaux.

La ghillie peut se trouver à des tarifs assez abordables (la moins chère est à 50 euros sur le site Jama.fr).

Cependant comme la billebaude est recommandée pour des mammifères à la vue peu développée, un camouflage aussi élaboré que la ghillie n’est pas indispensable. Le plus important, c’est que les couleurs de votre camouflage se fondent avec l’environnement. Et pour ça une simple polaire avec des couleurs neutres (marron, vert kaki…) ou avec des imprimés de feuilles utilisée par les chasseurs et ce trouvable dans votre magasin de sport préféré fait l’affaire.

Les mains et la tête à ne pas négliger !

Les mains et la tête sont deux éléments à ne surtout pas négliger lorsqu’on se camoufle, car bien qu’ils occupent une petite partie du corps, ils peuvent faire rater un camouflage si ils restent nus. La peau étant claire, ils vont jurer avec le fond végétal qui lui est souvent sombre, et les mammifères ne vont pas les rater car, même s’ils peuvent avoir une mauvaise vision des formes, ils voient assez bien les couleurs.

Je vous conseille alors de vous munir d’une cagoule de couleur neutre ou avec des imprimés feuilles, de même pour les gants/sur-gants. Encore une fois, ces produits peuvent se trouver en magasin d’équipement de chasse ou dans les rayons chasse de magasins de sport.

Sur cette photo, on voit bien qu’avec des vêtements « normaux », on est bien trop visible. T-shirt blanc et peau claire se détache de l’environnement végétal qui est bien plus sombre et de couleur verte. 

Ici on a revêtu un haut à motif camouflage à la place du t-shirt blanc. On passe un peu plus inaperçu mais les mains et la tête sont encore bien trop claires par rapport à l’environnement.

 

Avec un camouflage intégral (haut, mains et tête) plus de problème. On se fond parfaitement dans le décor et on ne risque plus de se faire trahir par des teintes qui pourraient jurer avec le couvert végétal. Seulement on peut encore perfectionner le tout.

 

En se recouvrant d’un filet camouflage, vous êtes invisible aux yeux des animaux. Même vos gestes, tant qu’ils restent prudents, ne vous trahiront pas. Cependant, veuillez garder les éléments de camouflage vus précédemment, car une peau claire pourra vous trahir, même sous le filet.

 

Et c’est à peu près tout pour l’indispensable en billebaude. Vous pouvez cependant, si le cœur vous en dit, peaufiner votre camouflage avec un filet de camouflage type militaire sous lequel vous pouvez vous cacher provisoirement. Recouvrir son matériel photo de ruban adhésif à motif camouflage peut également être intéressant.

Et pour l’affût, que peut-on utiliser?

Pour l’affût, c’est un peu plus compliqué car il en existe de plusieurs types. Décortiquons cela ensemble:

Ils peuvent être en dur, en tente-affûtflottantcouché

L’affût en dur est assez largement plébiscité par les photographes animaliers de part sa simplicité d’exécution et son efficacité. Une fois installé, il n’y a plus qu’à apprécier le spectacle qui s’offre à vous. Toute la subtilité de l’affût terrestre réside cependant dans son installation. Une fois faite, il sera impossible de se déplacer pour corriger le cadrage de vos images notamment. Il est généralement construit en contreplaqué et isolé de la pluie pour pouvoir rester sur le terrain pendant plusieurs semaines. Attention avant d’installer un affût en dur sur un terrain, demandez l’autorisation au propriétaire en lui expliquant clairement votre projet.

La tente-affût reprend toutes les qualités de l’affût en dur, tout en étant déplaçable entre chaque prise de vue. Si vous voulez changer de prise de vue d’un jour à l’autre, il suffira de disposer votre affût à un autre emplacement. Cependant, et contrairement à l’affût en dur, la tente-affût reste assez fragile face au vent fort.

Les affûts moins courants:

Il existe d’autres types d’affûts, proposant des caractéristiques totalement différentes pour des usages moins courants de la photographie. Ces affûts ne seront pas vraiment polyvalents mais serviront au contraire à photographier dans des conditions précises.

Il existe notamment l’affût flottant qui, comme son nom l’indique, va permettre à évoluer sur l’eau (attention à toujours avoir pied) tout en étant camouflé. Je vous conseille de bien vous renseigner avant d’entreprendre cette approche qui peut être dangereuse si mal exécutée.

Il existe également l’affût couché qui permet de prendre des photos au ras du sol, comme pour des petits mammifères ou des oiseaux directement posés au sol.

Personnellement, ce ne sont pas des affûts que je conseillerais à tout le monde. L’affût flottant à l’usage spécifique d’être utilisé là où il y a de l’eau peu profonde, que ce soit un étang, un marais, un ruisseau. Et ça reste malgré tout une pratique de la photographie assez rare et qui, de plus, demande une maîtrise parfaite de son affût. Une erreur et c’est tout le matériel qui finit à l’eau.

L’affût couché, quant à lui, à une utilité assez limité je trouve. En effet il n’est pas compliqué de s’en fabriquer un soi-même sur place avec quelques arceaux, des branches et, pourquoi pas, un filet de camouflage. Les réels avantages d’acheter un affût couché dans le commerce sont qu’ils sont étanches et permettent une protection face aux éléments, et également qu’ils vont être plus facilement transportable et rapide à installer.

Et bien évidemment, il y a tout habitacle qui peut vous servir d’affût sans que ce soit son utilisation première, comme une voiture, un bateau

Ces affûts, que je viens de présenter, sont tous disponibles dans le commerce à différents prix. Cependant, tous dépassent la centaine d’euros d’investissement, ce qui peut parfois être déjà trop. Et heureusement pour vous il existe une alternative beaucoup plus économe et tout aussi efficace.

Cette alternative consiste tout simplement à vous « fabriquer » un affût sur place, avec les éléments de l’environnement.

Par exemple, si vous vous trouvez dans un pré vous avez plusieurs options:

– Soit vous camoufler au ras du sol en créant un « tunnel » avec des arceaux et recouvrir le tout avec des hautes herbes présentes sur place.

-Soit trouver des haies, taillis, bosquet plus ou moins denses et se frayer un renfoncement au sein de cette masse végétale. Il ne restera plus qu’à placer des branches, des hautes herbes ou autres tiges végétales devant vous pour être camouflé.

Bien évidemment, tout prélèvement de végétaux sur place doit être limité et responsable pour ne pas nuire à l’écosystème en place ni risquer de dégrader les terrains.

Le seul investissement que je vous conseille est un filet de camouflage (encore lui!) qui permettra d’apporter une impression de feuillage et une couleur naturel à votre affût, tout en vous permettant de voir à travers.

Si vous optez par une tente affût, veuillez à ne pas l’installer n’importe où non plus. Un affût qui sera au milieu d’une prairie à l’herbe rase jurera avec l’environnement. Alors qu’un affût qui sera installé près d’un bosquet, buisson ou toutes autres formes végétales, se fondera dans la forme de ce dernier et sera mieux tolérer par les animaux.

Nous pouvons voir que, placer au milieu d’herbes basses, la silhouette de l’affût se détache beaucoup trop de l’environnement.

 

Au milieu d’herbes hautes, un peu plus petites que la taille de l’affût pour que la vue, et donc l’objectif photo, ne soit pas obstrués par des éléments qui pourraient gêner la vue, l’affût passe beaucoup plus inaperçu. Cependant on peut voir que l’ouverture dédiée à l’objectif photo est assez grande et pourrait trahir votre présence.

 

Rajoutez un filet de camouflage par dessus et le tour est joué. Vous ne courrez plus aucun risque d’être visuellement détecté par les animaux sauvages.

Pour résumer : La première option à l’avantage que, si vous n’êtes pas bricoleur, l’affût vous est livré prêt à être utilisé.

Ce type d’affût est également facilement transportable, ce qui est tout de même assez pratique lorsqu’on se déplace sur des terrains accidentés ou peu praticables (attention tout de même, certains modèles peuvent peser plusieurs kilos qui se rajoute au matos photo).

Un autre gros avantage des affûts qui ne sont pas en dur, c’est que d’un jour à l’autre vous pouvez totalement changer la position de cet affût, ce qui implique une modulation du point de prise de vue quasi infinie. Un jour vous pouvez prendre un chevreuil avec une lumière de côté, le lendemain en contre-jour.

Par contre, il y a quelques défauts au tableau.

Tout d’abord, ça peut coûter relativement cher (vous aurez du mal à en trouver de bonne qualité en dessous d’une centaine d’euros).

Si vous prenez un modèle type chaise affût, vous pourrez le dissimuler facilement, mais l’espace à l’intérieur sera (très) restreint.

Si vous prenez un modèle plus grand, vous aurez plus d’espace à l’intérieur mais pour le coup il sera plus difficile de le dissimuler.

Où acheter et à quel prix?

Je vous recommande grandement le site Jama.fr pour tout ce qui est camouflage spécialisé pour la photographie. Vous pouvez y trouvez des tentes affûts, des vêtements avec imprimés de feuilles (attention, vous pourrez en trouver de moins chère et tout aussi efficace dans le rayon « chasse » de magasins de sport), protection et camouflage pour boitier et objectif, et cela pour tous les prix.

Tout d’abord deux sites qui sont très intéressants pour tout ce qui est matériel de photographie animalière/camouflage:

 

 

Vous trouverez ici les liens vers le matériel que j’ai mentionné au fil de l’article:

 

 

 

 

 

 

Mes recommandations

Si je devais vous recommander qu’une seule tente-affût ce serait la chaise affût de chez Stealth Gear.

Elle a en effet l’avantage d’être compacte, légère et du coup facilement transportable, avec une installation très rapide, une toile étanche qui protège de la pluie mais qui crée un effet de serre lorsqu’il fait chaud. Elle a également un siège intégré, ce qui est mine de rien assez pratique car il se trouve à la hauteur optimale par rapport au reste de l’affût et de l’appareil photo sur trépied.

N’hésitez pas non plus à bricoler. Beaucoup de matériels de camouflage disponible dans le commerce peuvent se révéler onéreux alors que parfois, il suffit de se retrousser les manches pour économiser des euros.

Pour ce manchon de camouflage étanche j’ai simplement récupéré une chute de tissu imperméable avec motif camouflage auquel j’ai rajouté un élastique pour tenir au niveau du pare soleil. Vous pourrez trouver de tels tissus sur le site jama.fr au mètre (7€ le mètre pour celui que j’ai utilisé) , à côté de manchon de protection tout prêt mais dont les prix peuvent atteindre jusqu’à 150€…

Un investissement à ne pas négliger

Je le répète, le camouflage c’est la clef de voûte de votre approche en photographie animalière. Vous pouvez avoir le meilleur matériel photographique possible, si vous négligez votre camouflage, vous ferez fuir les animaux avant même de les avoir dans votre viseur. Cependant camouflage rigoureux ne veut pas dire camouflage onéreux. Avec de la débrouille et de la récup’ vous pourrez atteindre des résultats tout aussi excellent qu’avec du matériel trouvable dans le commerce tout en économisant votre argent.

Qui suis-je ?

Je suis Thomas, un jeune passionné de nature et de photographie qui a plongé, il y a quelques mois, dans le monde fantastique de la photographie animalière. Le partage est pour moi quelque chose d’essentiel, c’est pourquoi j’essaie, au travers des articles à venir, de partager mes maigres connaissances glanées sur le terrain et dans les livres avec vous. Je suis conscient que dans ce que j’écris, il peut se cacher des erreurs, c’est pourquoi je suis entièrement ouvert à tout type de remarques, de critiques ou de débats, tant que cela reste constructifs évidemment.

Dans l’attente de lire vos retours,

Thomas.

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