Bien que la macrophotographie ne soit pas le domaine le plus compliqué qui existe (un simple bout de jardin permet de s’amuser pendant des heures), il est quand même primordial de bien préparer ses sorties en amont dès que l’on veut progresser et respecter la Nature. De plus, nous évoluons dans des milieux sauvages et sensibles, au contact d’animaux fragiles et craintifs. Ne pas faire n’importe quoi est donc un point très important si on souhaite avoir une démarche en accord avec notre passion. Voici donc quelques conseils tirés de mon expérience pour maximiser les chances de rentrer serein et surtout avec des beaux souvenirs sur la carte mémoire.
Regarder la météo
Cela peut paraître un peu bête, mais je regarde systématiquement la météo sur plusieurs jours afin de programmer à l’avance mes sorties. En effet, malgré ce que l’on peut penser, photographier en pleine journée avec un magnifique soleil est tout simplement… la pire chose à faire en macro ! Lumière trop dure qui crée des reflets métalliques sur les carapaces des insectes, contrastes trop forts, images plates,… Tout ce que l’on cherche à éviter ! Préférez donc des journées couvertes, la lumière sera alors beaucoup plus douce et agréable à l’œil.
Mais si vous tenez absolument à joindre l’utile à l’agréable, partez en forêt les jours où il fait très beau, vous pourrez alors profiter de l’ombre des arbres pour photographier.
A l’inverse, si je vois qu’un grand soleil est prévu le lendemain, je n’hésite pas à programmer le réveil très tôt pour profiter des belles lueurs matinales qui permettent d’avoir des ambiances incroyables.
Autre facteur important : le vent, véritable cauchemar du photographe macro et qui peut transformer une sortie en véritable enfer. Pourquoi ? Tout simplement parce que la plupart des insectes se posent sur des tiges et brindilles, qui seront complètement ballottées par le vent, rendant la mise au point… impossible.
S’habiller à la mode « macro »
C’est à dire couleurs sombres (pour passer inaperçu), manches longues et pantalon. Croyez-moi, vous ne voulez pas vous retrouver au bout d’une heure avec des piqûres de moustiques partout et des griffures de ronces sur les tibias. Mais surtout n’oubliez pas l’ennemi numéro 1 du photographe macro avec lequel il ne faut surtout pas rigoler : les tiques.
De plus, comme on est souvent amené à être allongé sur le sol, préférez des vêtements « usés » que vous ne craignez pas de salir. N’hésitez pas non plus à utiliser des habits étanches, voir des sacs-poubelle que vous placerez en dessous de vous pour vous protéger de l’humidité du sol.
Connaître son sujet
Rentrons dans le vif du sujet et allons directement sur le terrain ! Tout comme en photographie animalière, il est très important de connaître les habitudes des animaux que l’on souhaite photographier. Alors certes, trouver des insectes n’est pas aussi difficile que de trouver un renard, mais ne négligez pas ce point pour autant.
Dans quel environnement votre sujet aime-t-il évoluer ? A quelles heures a-t-on le plus de chance de le croiser ? Est-il farouche ou non ? Toutes ces questions ont leur importance et je vous invite à vous procurer des guides pour en apprendre un peu plus sur l’espèce recherchée.
Connaître son sujet permet de gagner énormément de temps en repérage et de ne pas commettre d’erreurs lors de la prise de vue. Voici, par exemple, quelques leçons tirées de mon expérience avec les libellules :
- Explorer les zones humides : elles ne vivent qu’à proximité des plans d’eau, inutile donc d’en chercher dans un champ sans aucun étang autour…
- Photographier une libellule en pleine journée au dessus de 20°c, est (quasi) impossible : excitées par la chaleur elles restent en permanence en vol (c’est très, très frustrant…)
- Faire attention à sa propre ombre : vous avez la chance d’en avoir une qui s’est posée au soleil ? Parfait ! Mais faîtes très attention de ne pas l’approcher avec le soleil dans votre dos. En effet, vous pouvez être certain qu’elle s’envolera à l’instant même où votre ombre passera sur elle, car elle associe ce changement brutal de luminosité à un danger. Adieu la belle photo !
- Elles reviennent souvent au même endroit : phénomène que j’observe notamment régulièrement chez les agrions. Si je fais fuir un agrion d’une brindille, il y a 90% de chances qu’il revienne se poser quelques secondes plus tard au même endroit. Pourquoi ? Je n’en ai aucune idée, mais c’est très pratique pour anticiper la photo et préparer son cadrage.
Faire du repérage
Avoir des connaissances sur l’animal c’est bien, mais encore faut-il le trouver… Profitez du fait que la très grande majorité des petits animaux et insectes aient un territoire peu étendu pour faire du repérage. En effet, si vous croisez des papillons dans une prairie sauvage, il y a fort à parier qu’ils y seront encore demain et après-demain.
Mais il est possible de pousser encore plus loin ceci avec les insectes volants. En effet, certains sont obligés de se poser sur des supports pour passer la nuit et se reposer. Si vous voyez par exemple un ascalaphe sur une brindille, il est fort probable qu’il y passe toute la nuit. Utilisez alors un repère naturel facilement visible, comme un gros caillou, que vous poserez à proximité de votre sujet, puis revenez le lendemain matin très tôt.
Vous constaterez alors (dans la très grande majorité des cas) que l’animal se trouve au même endroit. Vous pourrez alors profiter pleinement des belles lumières matinales pour lui tirer le portrait car, encore engourdi par le froid, il ne bougera pas tant que le soleil n’aura pas réchauffé son organisme. Une aubaine !
Se mettre au niveau du sujet
Il ne vous viendrait pas à l’idée de prendre une photo d’un ami vu complètement du dessus, n’est-ce pas ? Et bien en macrophotographie (et dans tous les domaines photos à vrai dire…) c’est pareil : il est primordial de se mettre au niveau du sujet si vous voulez créer une sensation d’intimité avec votre sujet.
A de si petites échelles, la moindre variation d’angle de vue peut rendre une photo ratée. Adieu donc les photos en plongée qui écrasent totalement le sujet et qui ont la fâcheuse tendance de créer des fonds beaucoup trop présents et chargés. Il en est de même pour les contre-plongées, même si dans certaines situations elles permettent de donner une impression de « puissance » à certains animaux, elles ne mettront pas votre sujet en valeur.
Pas le choix donc, il va falloir jouer les acrobates et s’approcher du plancher des vaches…
Soigner la retouche
Car oui, réussir une photo passe également par une belle retouche et c’est d’autant plus vrai en macrophotographie. En effet, il n’est pas rare de devoir composer avec des décors très chargés et, très souvent, une brindille ou une feuille morte que vous n’aviez pas repéré à la prise de vue, viendra se glisser sur la photo. Un simple coup de tampon sur un logiciel de retouche permet de sauver facilement une erreur d’inattention.
La retouche est un sujet qui fait énormément débat dans le monde de la photographie, mais mon avis personnel est que nous disposons d’outils formidables qui permettent de restituer l’émotion que nous avions ressentie sur le moment, mais que l’appareil n’est parfois pas capable de restituer. Alors pourquoi s’en priver ?
Voici un exemple concret où je vous montre en vidéo comment j’ai réussi à récupérer un contre-jour un peu trop violent pour mon capteur :
Photographier des sujets originaux
Pour terminer cet article, si vous voulez sortir du lot et créer des photographies qui sortent de l’ordinaire, quittez les sentiers battus et prenez l’habitude de prendre des sujets auxquels personne ne pense. En effet, la macrophotographie est un domaine très à la mode, de plus en plus exploité par les photographes et qui a ses sujets stars (libellules, papillons, gouttes d’eaux, certaines fleurs, etc…). Il est donc de plus en plus difficile d’être créatif quand des milliers de photos de libellules inondent les réseaux sociaux. Mon conseil est donc d’essayer d’autres choses en prenant en photo des sujets peu communs.
Voici une liste d’animaux qui, selon moi, mériteraient qu’on s’intéresse un peu plus à eux : bourdons, guêpes, mouches, chenilles, coccinelles (si, si, je vous jure, je n’en vois pas souvent sur les forums et sites spécialisés…), escargots, fourmis, etc…
Enfin, chercher à mettre en valeur des sujets de prime abord peu esthétiques est un défi très intéressant pour progresser et améliorer sa créativité.
J’espère que cet article vous permettra de progresser en macrophotographie et de mieux appréhender vos sorties photos. Un grand merci à Sylvain de proposer de participer à son site et de mettre en avant d’autres photographes moins connus. N’hésitez pas à me poser des questions en commentaire, en attendant je vous dis bonnes photos !
Je m’appelle Adrien Coquelle et j’ai démarré la photo à partir de zéro en Mai 2016. Rapidement passionné par cet art, je me suis exclusivement tourné vers la photographie animalière et de Nature. Mon objectif est de partager avec vous ma progression et de vous proposer une vraie plateforme d’apprentissage où nous pourront apprendre ensemble, pas-à-pas, comment rendre hommage à notre magnifique Nature. Bonne visite sur mon site Pose Nature !
- Site internet : https://posenature.fr/
- Page Facebook : Pose Nature
- Chaîne YouTube : Pose Nature
Merci beaucoup Sylvain pour m’avoir donné l’opportunité d’écrire cet article. Par contre la vidéo YouTube sur le contre-jour n’est pas passée, elle ne s’affiche pas… Voici le lien, au cas où :
https://www.youtube.com/watch?v=z34FUuM-ZVg
Et merci à ceux qui liront mon article, n’hésitez pas si vous avez des questions 🙂
Adrien
C’est bon, c’est rétabli !
Chouette! Une nouvelle chaîne à suivre 😀 j’ai réellement commencé la macro il y a peu et ça va grandement m’aider!
Merci!
Merci de me suivre alors Sandy ! Et bon courage pour les débuts en macro =)
Bonjour M Adrien
Désolé de vous dire cela mais aucune des photos que vous avez utilisé ci haut ne correspond à de la macrophotographie, c’est de la proxi.
Je crois qu’il est important de regarder la définition des deux mots, car trop de gens mélangent les deux.
Merci
Bonjour Pierre,
Vous avez tout à fait raison, il est d’ailleurs très rare que je fasse de la macro au sens scientifique du terme. Il me semblait juste plus pertinent d’utiliser le terme macro, car il est communément plus utilisé pour parler de la photographie de fleurs et d’insectes, ce qui rend l’article plus compréhensif au plus grand nombre. Ne connaissant pas les abonnés de Sylvain, j’ai fait ce qui me semblait le plus pertinent.
Merci beaucoup pour la remarque en tout cas,
Adrien
Passionné de macro depuis un certain temps maintenant, cela fait toujours plaisir de lire de nouveaux articles et découvrir la façcon de penser de nouvelles personnes et la tienne j’adère totalement!
Un vrai plaisir à te lire continue comme ça et merci à toi!
Merci Sébastien pour ce retour, ça me motive à continuer d’écrire 🙂
Sauf si j’ai mal vu, la deuxième photographie ne représente pas un faucheux (opilion), mais une araignée. Elle ressemble étrangement à une néphile, mais je ne crois pas qu’il y en ait en Europe. Cela m’intéresserait de savoir où cette photo a été prise.
L’article est intéressant, mais je ne saurais trop décourager les « conseils » péremptoires comme l’affirmation selon laquelle il ne faut surtout pas prendre de photo macro en plein soleil (en gras de surcroît). Parfois, un apport important de lumière est indispensable, pour les photos à haute vitesse ou a grande profondeur de champ (http://zeroactivity.fr/wp-content/uploads/2015/02/sc_IMG_6689_m.jpg). D’autre part, il est possible d’adoucir la lumière en plein soleil avec un apport au flash diffusé (http://zeroactivity.fr/wp-content/uploads/2016/12/sc_DT_IMG_3117.jpg).
Comme dans toute forme d’art, il n’y a pas de sacro-sainte règle inviolable à respecter absolument en photographie. Les lumières dures ne sont pas interdites, elles sont seulement plus difficiles à traiter, elles peuvent avoir leur intérêt, même d’un point de vue artistique.
Bonjour Rémy,
Merci beaucoup pour votre commentaire très instructif, effectivement il y a toujours des exceptions et j’invite tout le monde à essayer de photographier en pleine journée, surtout que c’est plus simple de sortir à 14h qu’à 6h du matin.
Néanmoins l’article est plutôt destiné aux débutants qui souhaitent découvrir la macrophotographie, l’utilisation de flash ou de réflecteurs me semble donc ne pas rentrer dans cette ligne, mais je peux me tromper. De plus, il est tout à fait possible de faire de la haute vitesse même à l’ombre, en jouant par exemple sur le triangle d’exposition, ce qui est un excellent moyen de découvrir et d’apprendre les différents réglages de son appareil.
Merci en tout cas d’avoir soulevé un point essentiel.
Adrien